Plume de sang
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Plume




Nombre de messages : 121
Date d'inscription : 07/03/2006

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MessageSujet: Épilogue   Épilogue Icon_minitimeMar 28 Mar à 19:39

Je vous présente l'Épilogue de mon recueil de nouvelle pour un cours de français. Le préface n'est pas encore écrit, mais bon...


Du haut de mon échafaud, je vois le monde entier se rouler dans la boue. Rien ne m’était paru aussi noir qu’avant ce soir. La ville est un désert où tous errent en quête de l’oasis du bonheur éternel. Personne ne la trouve car ses sœurs jalouses revêtent de beaux atours et empoisonnent leur lit afin que quiconque s’y régale sombre dans la torpeur de l’oubli. Contrairement à ce qu’on dit du néant rocailleux, il est divinement glacé. La brique est froide, le béton l’est aussi et l’acier est trempé de givre. L’univers entier est un vampire en quête de chaleur où seul le sang et l’enfer font offices de véritables cultes. De si précieuses choses ne devraient être enfermée dans un récipient aussi fragile que l’humain.

Ce dernier erre sans but tel une fourmi sous l’éclat d’une loupe, ignorant son précieux héritage. Il mendie, riche, pauvre, grand ou petit : il désire être supérieur. Mais lorsqu’il dépasse sa limite de 37,5 , au lieu de s’en vanter il cherche à se rabaisser. Il haït cette nuit. Jamais auparavant le temps ne l’avait soumis à ce point.

Du haut de mes 16 ans, je vois cet inconnu verser le sang d’un innocent. Ce geste n’aura finalement servi qu’à réchauffer quelques tuiles et faire éclore un bourgeon de vengeance. Il est si près que je pourrais le toucher, le tuer. Il est si près ce gaspilleur qu’il pourrait me tuer, me délivrer de mon fardeau comme il vient de débarrasser mon père du sien.

La maison est une montagne sans échos où un cri n’a pour seule réponse que mes propres sanglots. Je gèle dans cet enfer où pourtant tous succombent sous la pression écrasante de l’humidité. Il me voit, il m’entend ce bâtard de l’humanité. Il voudrait sentir mes poumons s’épuiser, mon cœur s’étouffer, mon âme suffoquer sous la violence du coup qui romprait la peau de mon thorax et lacérerait mes muscles intercostaux. Il y prendrait tant plaisir qu’il recommencerait et répèterait ce va et viens au point de me réduire en bouillie. Il en a envie, il en jouit présentement. En silence, sans démontrer quelque signe vulgaire que ce soit, il vient d’en souiller ses cuisses. J’en suis sûr ; qu’attend-il ?

Il ne fait rien de cela. Il part en courant dans la direction opposée. Je le poursuis le temps de descendre l’escalier. Ne suis-je pas assez attirant ? Il a tué le père et ne désire point le Fils ? Je suis un monstre. Je l’ai fait fuir ; honte à moi, honte à mon sang.

Plus rien n’a d’importance. Les lettres, puis les mots s’envolent soufflés par un vent de mépris. Je ne sais quoi dire, quoi crier, même penser. Le ‘‘a’’ est un son aussi banal qu’un ‘‘i’’ ou un ‘‘e’’. Tout me semble laid. Le parfum de Süskind n’a plus d’odeur, l’Horloge de Baudelaire s’est arrêtée, les deux tours de Tolkien se sont effondrées. Je suis las de ces sottises, je ne suis qu’une ombre sans lumière.

Du haut de mes pieds engourdis par la passion je tombe. Loin de cet univers puéril, loin de ces cauchemars, je me noie dans ma salive. Mon corps, sous l’effet de spasmes, tente de se réanimer. En vain. L’obscurité extérieure cède sa place à la noirceur intérieure. Je sombre dans la douce folie qu’est l’évanouissement.

Au moment de rouvrir les yeux, je suis toujours en délire. Le corps de mon père est là où il était au moment de sa mort. Dehors, le soleil brille et le vent fait virevolter les feuilles mourantes afin qu’elles se décompose loin du regard de la ville.

C’était une nuit sans étoile, une nuit qu’on ne vit qu’une fois. Une nuit que jamais l’on oublie.
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