Plume de sang
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Plume de sang

Confrérie des plumes de sang
 
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 Plume

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Plume




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Date d'inscription : 07/03/2006

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MessageSujet: Plume   Plume Icon_minitimeMar 7 Mar à 11:35

Genèse

Mon nom est Plume, je n’ai pas de prénom. Je suis millénaire, je ne suis pas né. Formellement en tout cas, puisque déjà j’occupe les pensées de mon esclave depuis qu’il m’a imaginé. Je suis raciste, jaloux; je suis ce que vous nommez inhumain pourtant je vous ressemble, je suis votre sosie.

Je crée le mal, j’engraisse le bien afin qu’il soit plus facile à chasser. J’haïs Dieu, je me haïs moi-même; je vous haïs aussi puisque vous me ressemblez. J’ai droit de vie et devoir de mort sur tout. Je mange les famines, j’élève les pestes, je brasse les ouragans, je louange la terreur; je me louange.

Mon nom est Plume, voilà huit lignes que je suis né.


Ma nourrice est morte en me donnant vie. Ma mère, craignant de souffrir, a laissé cette grasse femme expier ses péchés : elle l’a assassinée. Voilà un excellent alibi pour la tuer à mon tour. Une nuit où je faisais un rêve, je me suis réveillé en hurlant. Ma mère accourue, me prit dans ses bras et me colla la tête contre son épaule. Je n’eus qu’à tourner la tête afin de me délecter de son liquide vital qui abondait dans sa jugulaire. Ce poison, j’espérai, me ramènerais directement aux joies de la prénaissance. Ce fut vain.

En fait, je n’ai jamais eu de mère. Il me fallait cependant une raison pour la détester.


Je vis seul avec mon père. Je ne l’ai jamais vu, mais je sais qu’il existe; c’est
mon esclave qui me l’a dit. Je le dessinerais comme suit : cheveux noirs tombant sur sa nuque, les yeux bleus; non, verts c’est mieux. J’arrêterai là sa description puisqu’elle me donne la nausée. Il me bat. Il n’a pas encore osé puisque je suis son marionnettiste, cependant je suis persuadé qu’il me flanquera la raclée de ma vie lorsque je prendrai forme.

C’est étrange être une idée.


J’apparais finalement à Londres; non, Alexandrie; non, Washington; non, Ste-Jeannette-des-Oublis; oui, ce nom me plaît. Elle n’existe pas, mais elle me plaît. Dès ma venue en ce monde, j’ai 12 ans, je pèse 125 livres, et mesure 1m85. Je suis un monstre. Pour passer inaperçu, il me faudrait avoir au moins 15 ans. Quatre années passent donc à la vitesse d’un crayon : j’ai maintenant 16 ans.

Ste-Jeannette est le village de mes cauchemars : des habitants qui ne se connaîtront que par petits groupes puisqu’ils n’existeront que de cette façon, un chien, trois chats pour lui tenir tête, des dizaines de quartier que je rase à l’instant pour m’éviter l’ennui de les décrire, et moi de façon substantielle et matérielle.

À propos des habitants, je leur réserve un génocide. Des millions de morts par groupe de dix, trois millions deux cent soixante-trois mille neuf cent quarante-sept pour être plus précis : Trois cent vingt-six mille trois cents quatre-vingt-quatorze groupes de dix et sept seuls. Je biffe les solitudes puisque j’ai promis des groupes de dix. Où sont donc les deux morts ressuscités? Nulle part, ils n’ont fait que disparaître.

Je fais déjà appel à ces rescapés et je les nomme père et ennemis. Je reconstruis deux maisons, une école et une église. Oh, et j’ajoute que Dieu est un personnage sacrément important à la réussite de mon œuvre.

Fini la description, passons à l’action. Il y aura des miracles à Ste-Jeannette-des-Oublis.


Judas

«Debout! C’est l’heure d’aller apprendre sale abruti.» hurla mon père.

S’il savait avec quelle facilité je pouvais le faire disparaître, mais mon esclave à d’autres desseins.

Vous ais-je parlé de mon esclave? C’est lui qui a le gros bout du bâton. Il est Moïse et je suis Pharaon : mon avis est purement symbolique. Je le méprise, car il a le pouvoir de me faire disparaître alors que moi, je n’ai que le pouvoir de voir avant lui. Il a son Dieu qui n’est pas moi. Je suis jaloux, je serai son Dieu ou il mourra. C’est ce qui le différencie de Moïse : son tueur fait partie de lui.

Paf! une gauche bien placée me fait quitter mon lit. Je me tords de douleur. C’est la première fois qu’on me coupe le souffle.

«Debout chien!» hurla-t-il encore.

À vrai dire, le fait qu’il hurle lui donne davantage d’affinités canines qu’à moi.

Un coup de pied dans les côtes m’envoie valser sous mon lit. Je n’ai pas mal, ça me fait même rire.

«Esclave, il n’est pas supposé connaître mes pensées!» me criai-je. Je ne crie pas vraiment, je ne fais qu’accentuer l’expiration pour évacuer le filet de sang qui m’obstrue la gorge.

«Mais à qui donc parles-tu? Tu es l’image de ta mère. Au moins, elle a eu l’heureuse idée de crever avant ta naissance. Je ne comprends toujours pas pourquoi un médecin t’a extirpé de sa carcasse : un cadavre c’est bien, mais avec le tien c’est bien mieux.»

Je ne l’écoute plus, je ne suis plus là. J’ai disparu de sous mon lit pour me matérialiser dans la cuisine où un sac de grignotines m’attend. Avant que la masse d’hémoglobine paternelle me donne des envies anthropophages, je quitte la maison pour l’école.

Ma professeure a vingt ans, métis, les cheveux ébène, jolie poitrine, joli derrière, très jolie jambes, très très jolies lèvres. Bref, elle est jolie sans plus. Ç’aurait été la professeure idéale. Malheureusement, mon esclave encore trop chaste, en a engagé un autre. Il semble venu tout droit des fonds marins. Prenez une baleine à bosse, déshydratez la au point de pouvoir enfoncer vos pouces dans ses pores de peaux, rajoutez des jets de pus réglés pour tous les 15 minutes et pouvant couvrir une distance de 70 cm et vous aurez l’image de mon professeur que je surnomme affectueusement Ennemi. Dernier détail, il parle sans cesse afin d’évacuer la salive qu’il ne peut avaler.

Son vrai nom, je ne le connais pas. C’est une idée de mon esclave après tout. S’il savait à quel point le nom Véronica aurait pu m’inciter à (l’) étudier un peu plus.

Père, le tout puissant et non celui qui mourra à mon retour, assiste à ce cours Je le sais puisque mon esclave ne m’obéissait plus, je le sais puisque j’avais un nom.

«Judas, cessez de rêver et dites moi qui a dénoncé le Messie» dit Jonas recraché par la baleine.
«C’est moi.» répondis-je sans hésiter.

Ce fut le silence qui couronna ma réplique digne d’un romain. Mon professeur se tordit de douleur. Son visage devint rouge et des taches de sang le parsemèrent.

«Pourquoi?» prononça-t-il avec un calme angélique.
«Car sa Bonne Foutaise ne me satisfaisait plus.» répliquai-je avec le tact qui est inné aux idées.

L’iceberg vivant fondit sous la chaleur de ma réponse. Du sang, et non du pus, coula de ses pores de peaux. Il ne fallu pas plus de quelques secondes avant qu’il ne soit vide de sang et de sens.

J’étais redevenu Plume.

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Alexace

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MessageSujet: Re: Plume   Plume Icon_minitimeMer 8 Mar à 10:08

j'ai vraiment adoré le style de l'écriture. J'ai rarement vu une tel organisation de l'histoire.

Et l'effet de lire, les pensé au fur et a mesure du personnage est vraiment intéressant.
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Plume




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MessageSujet: Re: Plume   Plume Icon_minitimeJeu 9 Mar à 20:13

Jésus

Laissant au temps la tâche de me débarrasser du cadavre de l’Ennemi, je quitte l’école et retourne à mon horreur familiale. Je traverse la porte, un fantôme n’aurait pas fait mieux, puis je ris.

«Très amusant esclave, maintenant laisse moi tuer Père», criai-je.

Il serait de mise de vous mettre en contexte. Croyant m’être retrouvé dans le salon décrépit par ma volonté, je réalisai, hélas trop tard, que j’étais tombé dans un guet-apens. C’était une salle blanche, la taille n’a pas d’importance, illuminée où ma personne se sentait menacée. Au centre traînait une gigantesque psyché si immense que mon reflet n’en ornait qu’une infime partie. Je tombai pour la première fois : Il n’était pas mon reflet. C’était Son reflet qui avait pris l’apparence du mien.

«Il ne t’écoute pas. Il n’a jamais désirer te supporté», dit ma voix sortant du miroir.

– Mais c’est ce divin Jésus ! Vous allez mal j’espère.

–Non, rassurez-vous. Je me sens comme sur un nuage. Et vous, Jésus, l’obscurité vous ennuie-t-elle au point que vous dussiez me rendre visite ?

Je grimaçai.

–Je suis sa muse, vous ne pouvez me déloger.
–Je suis Tout, vous pouvez vous incliner, ce serait apprécié.
–Clair idiot, si je dois partir, je crèverai son foie en cadeau à Dieu.
–Mais il survivra, il aura toujours sa Foi.
–Il sera mon suppôt ou il mourra…
–… et tu mourras aussi, fais donc cela.

Je tombai à genou, il avait le dessus. Quelle sensation… cette humiliation suscite en moi des émotions. Voilà deux fois que je chute.

–Enfin à genou, tu reconnais ton maître ?
–Simple crise de rire aiguë. Pour me soigner, rien de tel que du messie à l’agonie.
–Je préfère les gémissements de bandits et tu m’as l’air d’en avoir apporté beaucoup.
–Tu es monté si haut pour me sortir des phrases aussi suffisantes?
–Tu es descendu si bas que même tes pires insultes me réchauffent le cœur ?
–Cesse tes élans de vertu et laisse ta jalousie de côté.
–Moi jaloux ? Un peu plus et je riais. En fait, je répugne la jalousie, elle est partie intégrale de toi. Elle t’aveugle au point où tu ne distingues plus tes valeurs des miennes. Tu me fais pitié. Je demanderai à Lucifer d’éclairer ton landau la nuit de crainte que tu n’ais trop peur.

Plus jamais je ne ferai de telles erreurs. Pour la troisième fois, je m’affaissai sous le poids de sa croix. Je versai une larme, elle me donna soif. Soif de vie, de pouvoir ; soif d’être Plume. Cette larme symbolisait mon humanité. Je ne l’étais plus, j’étais retourné au point d’origine.


L’obscurité naquit.

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MessageSujet: Re: Plume   Plume Icon_minitime

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