Guide moi,oh ma soeur la mort,
En les vallées défaites et vides,
Au creux de cette plaine aride,
Ou sommeillent les heures avides.
Oh ma soeur la violence,
Oh ma soeur la haine,
Vos enfants suivent mes pas,
Chevauchant les dunes de rats,
Arpentant les frontières invisibles,
Vers le tragique et vers le terrible.
Honneur bafoué d'une génération sans force,
Organes noircis d'une fumée àpre et épaisse,
Le coeur réduit à une bouillie de non sens,
Oraison funèbre d'une vie incomprise,
Caste aux visages ridés, taillés dans la pierre,
Arbres courbés devant le grand gouffre,
Ultime passion, brulante et acide,
Sexe arraché à grands coups de morale,
Ténèbreux office de la torture,
Exalté par une foi moribonde.
Et vous mes enfants,dépouillés de tous vos voeux,
Délaissés dans des berçeaux grouillants de vermines,
Lachés comme des bètes fauves au fond de la mine,
N'ayant pour seule lumière que celle de vos yeux.
Vous vous rassemblerez,sans maitres et sans espoir,
Vous marcherez par millions vers les aveugles portes,
Vos voix à l'unison en une symphonie vierge, barbare,
Feront trembler les racines de cette terre déja morte.
Sous les balles et les bombes,sous un ciel noir et blanc,
Dans le sang et le sperme,dans l'urine et les larmes,
Avec des flambeaux vacillant et d'organiques armes,
Seras menée enfin la grande marche du néant.