Moi
Une vie passagère, une existence négligée. Dans ses langes l’enfant plaint cette engeance qui engendra d’un bien éphémère. Son visage couvert de sang, il espérait étouffer tant le destin l’abordait avec un cruel sourire. Le corps soulevé de terre et enlacé, son âme resta au sol et s’enfuie au plus profond de la terre. Sale et affaibli par sa défaite, il serait libre si le médecin n’avait pu le sortir du ventre par une incision à l’abdomen. Il aurait été souhaitable que cela se produise, mais la vie a un souffle qui trahit ses pulsions.
Et il grandit passablement sans éclat
Frappant et insultant par ci par là
Se faisait remettre la monnaie chaque fois
Il apprit à renier toute confiance et toute foi
Un ami devenait trop tôt suspect
Et complotait contre son aspect
Moites, ses poings se serraient
Survivre pour mourir dès qu’il le désirerait
Connaissance après discorde
Un loup répudié de la horde
Se fit pantin puis marionnettiste
Puis s’acheva sombre artiste
Sans cesser d’imaginer ce que serait
L’Enfer, si seulement il le voyait
L’amour, si il y croyait
La vie, s’il pouvait, la vivrait
L’espoir a une limite, il en traça une trêve
Bien mince autour de ses rêves
Tragique décision prise de concert
Avec ce qui le tue mais l’animait hier.
Le ciel était clair mais ses pensées noires. Jusqu’au jour où naquit une étoile qui le guida vers une rédemption certaine. Ses péchés d’enfance et d’adolescence se terrèrent sous ses mauvais plis prenant peur de ce goût pour le bon. Aimer, voilà ce qui lui restait. Des limbes où il se noyait depuis tant d’années, l’être commença à étouffer et à désirer un monde meilleur. L’Éden était humain et, sans prendre garde, il croqua la pomme. L’étoile qui brillait tant s’estompa à ce moment, le replongeant dans ses méandres. Assis au fond du désespoir, il guette inlassablement le ciel dans le but d’y revoir cette étoile qui le nargue par son absence. D’un astre, elle devint une comète qui revenait sans crier gare ressasser de doux instants qui était tout pour lui, si peu pour elle.
Au fond de ses songes les plus infâmes, il fit la connaissance d’une fillette. Vêtue de noir, portant la plume au cœur, il s’en fit rapidement une icône. Ce n’était plus une étoile mais bien une voute lumineuse qui apparaissait lorsqu’il levait les yeux au ciel. Certes ce ciel s’ennuagea avec le temps, il balaya ce brouillard du mieux qu’il pu. Il plu une fois. À ce moment, il baissa la tête.
S’abaisser était son devoir, s’affaisser son pouvoir. Il en usa avec parcimonie au départ puis posa les genoux au sol, implorant le ciel de réapparaître. Dans son infini bonté, il revint le même jour que la comète passa au loin. Le doute sema la tristesse dans son esprit.
Ce soir fut le dernier qu’il vécu jusqu’à présent. Son cœur s’effrita soudainement et se remit à battre pour lui-même.
Lun 13 Nov à 19:53