Plume de sang
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 L'abeille

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Plume




Nombre de messages : 121
Date d'inscription : 07/03/2006

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MessageSujet: L'abeille   L'abeille Icon_minitimeMer 16 Aoû à 10:06

De par le monde j’ai cherché ma destiné. J’ai menti, pillé, ruiné celle d’autrui pour m’approprier ce qui me semblait être la vie parfaite. Ce n’est que par un matin humide que dans le jardin de mes envies une abeille m’a bourdonné à l’oreille :

Je te promets de la douceur
La chaleur d’un être aimant
Pour qui battra ton cœur

Je te promets une ribambelle d’enfants
Des rires jaillissant de leurs sourires
De petits bras qui viendront croiser les tiens

Je te promets que mourir
Sera en dormant le ventre plein
L’âme en paix partira ton cœur content

Je te promets une plume tenace
Qui par son virtuose survivra au temps
Et sera reconnue même des plus sagaces

Je te promets que l’avenir
Sera blanc, dans l’arrière-cour
T’envieront tant ces tristes sires

Qui promettrons que j’ai usurpé ton tour
Afin de t’enivrer d’espoir
Mais qui croiras-tu en ce jour
Toi qui ne m’est qu’un conte d’un soir.

Et elle enfonça son dard dans mon cou. La pénétration fut douloureusement longue ; véritable calvaire. Le rosier devant moi étant fané. Seules les épines, ces vierges offensées par la beauté de leur protégé, résistaient au froid qui lentement infiltrait ce mois d’août. Le ciel grisonnait, les cigales migraient vers une dimension plus clémente que la mienne. Le vertige me prit. En peu de temps, l’herbe se consuma dans une odeur de solitude qui faisait de cette peine une véritable euphorie. Je flottais dans le rêve ; me noyait dans l’éternité du cauchemar. L’abeille avait mentie ; je mourrais aujourd’hui.

Après une existence à tuer pour vivre, j’avais fait de mon temps un coup de vent. Me riant des secondes qui passaient tête basse ; tournant les pouces pour mieux digérer ces heures qui affaiblissaient mon tympan à coup de clochette. Gaspillant mes jours à somnoler et mes nuits regretter, je devenais ce que je cherchais à éviter. Il faut croire que j’ai trop vécu, ou pas assez, et que mon heure appartenait à cette destinée qui m’épuise.

Qu’elle vienne donc me chercher cette vieille connaissance ! C’est dans les pires moments qu’on reconnaît ses meilleurs ennemis. Ma fiancée aux lèvres froides, mon front, vient baiser. Glace mon cœur de pierre, fait éclater l’envie qui ronge cet optimisme fantoche que j’ai imaginé sans parvenir à y croire. Un long baisé passionné, comme celui que Beaudelaire reçu de sa prostitué, Rhimbaud de Verlaine. Un cadeau empoisonné que cet amour. Tu m’as longtemps convoité, je t’ouvre à présent mes bras. Nous gouvernons, Lilith, ce monde de pitié et d’amour où tous suivent le fil que leur Ariane a tressé pour sortir indemne du dédale qu’est l’existence humaine. J’ai coupé le mien et celui de bien des gens, en suis-je pour autant perdu ? Tu m’as remis sur le droit chemin. Gauchement certes, ton appel a discordé de toutes les atrocités que mon oreille avait assourdies lâchement. Met ta robe blanche, je mettrai cette chemise de sang qui me rend immortel.

La dure labeur doit cesser, une Plume n’écrit que pour toi, Dulcinea. Il ne reste qu’une porte à franchir pour m’arracher de cette torpeur paralytique qui emplit mon corps tel le venin qui parcourt ma carotide et qui enivre mon cerveau. La raison doit mener ce combat seule. Mon camp est déjà choisi ; près de toi. Mon art, mon amour, n’est d’aucun secours dans une lutte dont les dés sont jetés dès la naissance.

Je ne vivrai que sans toi et mourrai en cet instant cajolé par la faucheuse qui fera de moi le nouveau Cupidon.

Lorsque mes yeux reverrons ce rosier, il sera en fleur et violé de toutes parts par l’abeille qui jouira de sa victoire face au poète. Ne pleure pas, je retiendrai mon souffle pour que ton destin soit délié du mien.
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